HISTORIQUE DU CHATEAU DE CROISY SUR EURE
Précédé d’une cour d’honneur délimitée par des douves sèches, le château de Croisy est une demeure homogène et très classique dont la construction remonte à la fin du XVIIème siècle comme le confirme un cadastre de 1700. Il présente la particularité d’être entièrement construit en briques roses (fabriquées dans la colline derrière l’auberge de l’Orée du Bois), y compris les corniches moulurées, les chaînes et les encadrements, à la seule exception des clés de baies et du petit fronton armorié. Très sobre, l’ordonnance est simplement suggérée par les chaînes qui encadrent la travée centrale et les deux travées extrêmes. L’aile qui prolonge le corps principal, sur la droite, est d’élévation plus modeste et faite de moellons enduits et chaînes de briques. Elle est antérieure au corps central.
La mise à jour de plusieurs boulets de pierre dans les fossés est venue confirmer le rôle qu’eut à jouer au Moyen Age l’ouvrage fortifié qui s’élevait sur le site de Croisy. En 1419, Henry V confisqua sur Jean de Garencières les château et domaine de Croisy, au profit de son oncle Thomas, duc d’Exeter, dont hérita peu après le duc de Bedfort, régent du double royaume. Yon de Garencières, le fils de Jehan, s’engagea résolution dans le parti du Dauphin, mais mourut prématurément.
La terre de Croisy passa en 1484 à Jean de Gaillon puis à sa petite fille Marie, épouse de Jean le Veneur, qui mourut sans postérité. Elle échut alors à Louis d’Harcourt, puis en 1558 à son frère Guy d’Harcourt-Beuvron. Charles d’Harcourt, comte de Croisy et gouverneur de Falaise, épousa Jacqueline d’O et mourut en 1624. A sa fille Gilone, comtesse de Fiesque, succéda Charles-Claude de Bréauté, marquis de Hautot, qui parvint à réunifier la seigneurie et rendit aveu en 1713 pour le plain fief de Croisy auquel il y a droit de châtellerie et de château, manoir, maison, cour et jardin, clos de fossés plains d’eau avec pont-levis..., et chapelle Saint Mamert. Cette description confirme celle que l’on retrouve sur le plan de cadastre de 1700 retrouvé dans les greniers du château avec les actes notariés. Le monogramme CB qui figure sur le fronton sud du château correspond aux initiales du nommé Charles-Claude de Bréauté et est surmonté d’une couronne de marquis comme de droit par son titre. Les propriétaires des armoiries du fronton nord, composées de trois coqs à panache et de deux lions emblèmes de Normandie, n’ont cependant pas pu être déterminés.
Charles-Claude de Bréauté se défit de la propriété au profit de Pierre-Charles Bosguérard, seigneur du Buisson-Garembourg, conseiller en la Cour des Comptes de Normandie. Son fils Jean-Baptiste Bosguérard de Croisy (1720-1781), maître en la Chambre des Comptes, la posséda après lui, mais, accablé par les dettes contractées par son fils, dut finalement la céder à François-Paul Gallois, son voisin de Mérey. En 1783, mourait en effet à Mérey, Marguerite Lambert, veuve de François-Paul Gallois, seigneur châtelain et patron de Mérey et Croisy, ancien ministre de la Majesté le roi de Pologne.
Quoiqu’il en soit, le château appartenait à la veille de la Révolution à François-Paul Poultier de la Salle, personnalité aux goûts éclectiques, puisqu’à la fois médecin, poète et musicien. En 1790, ses héritiers le vendirent à Jean-Louis Dubuc de Turicque, dont hérita sa fille Marie-Jeannne, sous gouvernante des enfants de France sous Louis XVIII et veuve du comte de Gain de Montaignac, ancien gouverneur du château de Pau et auteur dramatique. Jean-Louis Dubuc de Turicque et le comte de Gain de Montagnac furent maires de Croisy et sont enterrés derrière l’église. Ils furent deux figures de la commune aux lendemains de la Révolution.
Le domaine appartint ensuite à Alexis d’Arnaudin (1836) puis à Jean-Jacques Allais (1855) et à M. Delaroche (1884) avant d’être acquis en 1918 par l’aïeul des actuels propriétaires, Jean-Michel et Patrick de Monicault. suite à partage, le chateau appartient à Jean Michel ui y vit avec son épouse Catherine et ses enfants.